J'aime pas les gens, et plus particulièrement, j'aime pas leur parler. Surtout si ce sont ces personnes qui m'accostent dans la rue, avec leur blouson bleu ou orange fluo, et leurs dreadlocks sales aussi, en ce moment ils sont là tous les jours à Nice. Ils essayent toujours de me parler de Médecins Sans Frontières, ou des pandas d'Afrique en voie de disparition. Alors je les regarde, écouteurs dans les oreilles, et je leur dis avec mon sourire le plus fake et mon regard le plus méprisant que j'ai pas le temps. De toutes façons, on sait bien que les pandas d'Afrique ont disparu depuis plusieurs années déjà.
Mais même, rien que le fait qu'ils s'adressent à moi, ça m'énerve, ça me fout en l'air toute ma journée sérieux. Alors j'ai trouvé un truc imparable: ça sert à rien de marcher vite ou d'écouter la musique, ils s'en foutent, ça les arrête pas. Pour eux, marcher vite et écouter de la musique, c'est comme porter une pancarte autour du cou avec marqué VENEZ ME PARLER en lettres capitales rouges. Alors, quand je les aperçois au loin avec leur veste fluo, je marche sur les rails du tram, et là ils viennent pas me parler. Quand il faut faire chier tout le monde pour sauver la planète ils sont là, mais dès qu'il faut donner sa vie là y'a plus personne.